En tant que parents d’enfants atopiques, il n’est jamais simple de savoir comment gérer et adapter son quotidien pour influer favorablement sur l’eczéma de son enfant. Aussi l’hérédité, le stress, l’alimentation (et plus particulièrement les intolérances alimentaires) ainsi que le soleil sont souvent évoqués comme facteur déclencheur d’un mal ou d’un mieux-être chez le tout-petit atopique. A raison ou à tort ? Pour vous aider à mieux comprendre et vous rassurer, nous avons interrogé les experts des Laboratoires Dermatologiques Ducray, qui nous accompagnent sur la tournée de Rencontres Hatoppyday.
Quelles peuvent être les causes de l’eczéma ?
L’eczéma peut être associé à des allergies. C’est notamment le cas de l’eczéma de contact, même si le responsable est parfois difficile à identifier. Le stress est souvent évoqué mais n’est pas systématiquement impliqué (voir ci-dessous). La transpiration peut être à l’origine de certaines poussées, et doit conduire à la mise en place de mesures préventives, par exemple au moment de la pratique d’un sport.
En cas d’eczéma atopique, l’allergie est souvent plus diffuse et s’apparente davantage à une sensibilité accrue et déterminée génétiquement plutôt qu’à une véritable allergie. Le rôle de l’hérédité est majeur dans l’eczéma atopique.
L’eczéma atopique est-il héréditaire ?
Les chiffres parlent d’eux même :
Chez les jumeaux homozygotes (les « vrais » jumeaux, ceux qui possèdent le même patrimoine génétique), la maladie est présente chez les deux individus dans 80% des cas. De même, la transmission héréditaire de la maladie est de l’ordre de 50% si un seul parent atteint, et de 80% si les deux parents atteints : on parle d’eczéma héréditaire.
De façon générale, c’est l’atopie, c’est-à-dire la prédisposition héréditaire à développer des réactions excessives face aux allergènes courants de l’environnement, qui se transmet de génération en génération. Cependant, il est important de souligner que ces chiffres n’atteignent pas 100%. En effet, l’eczéma atopique dépend à la fois des gènes et des nombreux facteurs environnementaux.
Le facteur psychologique est-il indissociable de l’eczéma ?
Le stress est souvent évoqué mais n’est pas systématiquement impliqué, tout simplement car l’eczéma n’est pas une maladie psychosomatique (= qui résulte de l’action de l’esprit sur le corps). Malheureusement on entend encore trop souvent des personnes affirmer que « l’eczéma, c’est dans la tête ». L’eczéma n’est pas dans la tête mais bien sur la peau ! Eviter ces différents agents responsables n’est pas toujours facile, et de toute façon cela ne permet pas d’éviter 100% des poussées. En revanche, repérer ses propres facteurs déclenchants et/ou aggravants est intéressant pour mieux contrôler la maladie.
Il existe cependant une exception : en cas d’eczéma de contact, l’eczéma apparait spécifiquement en cas de contact avec une substance allergisante, c’est-à-dire finalement un seul coupable. Cet agent responsable des poussées est parfois difficile à trouver mais un médecin allergologue peut vous y aider ; parfois aussi, il est présent dans de nombreux produits du quotidien et sera donc difficile à éviter.
Si l’on interroge des passants dans la rue, de nombreuses personnes vont dire : « L’eczéma ? C’est dû au stress non ? ». C’est la vieille idée encore très répandue selon laquelle le stress de l’intérieur s’exprime sous forme d’eczéma à l’extérieur.
Ce n’est pas complètement vrai, ou en tout cas ce n’est jamais la seule raison. Réduire l’eczéma au seul facteur stress revient à considérer que ce n’est pas une véritable maladie, or d’autres facteurs entrent en jeu comme la composition de la peau, le contact avec des allergènes, le climat…
Le stress fait ressortir les fragilités individuelles. Quand on souffre d’eczéma, le stress peut aggraver ou déclencher une poussée d’eczéma, car il a un impact sur le système immunitaire.
Il s’agit plutôt d’un déclencheur mais pas une réelle cause.
Le stress peut d’ailleurs être non plus une cause mais aussi une conséquence directe de l’eczéma, car l’eczéma ça gratte, ça empêche de dormir, ça se voit, ça fait mal, ça ne part pas assez vite, ça « prend la tête » …
Rassurez-vous, des astuces existent pour apprendre à mieux gérer son stress et à mieux vivre la maladie au quotidien.
Y-a t-il un rapport entre intolérances/allergie alimentaire et eczéma ?
La dermatite atopique est une maladie inflammatoire de la peau (dermatite) sur terrain allergique (atopie). En effet dans 80% des cas, l’enfant porteur d’une DA a hérité d’un terrain atopique. Cela veut dire qu’il produit facilement des anticorps sensibilisants, dirigés contre diverses molécules inoffensives d’un environnement naturel. Un enfant non allergique tolère normalement ce type de molécules (pollens, poil animal, aliments…). Ainsi le porteur d’eczéma parce qu’il possède une peau « perméable », parce qu’il est génétiquement prédisposé, peut développer d’autres allergies. Son terrain est fragile, mais il n’est pas en relation directe avec un allergène.
L’alimentation est donc régulièrement accusée d’être à l’origine de l’eczéma. Mais l’eczéma n’est pas une allergie alimentaire. L’alimentation est impliquée seulement dans un faible pourcentage de cas et ne doit en aucun cas conduire à des régimes restrictifs sans avis médical. A l’exception des allergènes alimentaires révélés par un test spécifique chez l’allergologue, un enfant ou un adulte atteint d’eczéma doit pouvoir manger de tout, en quantité raisonnable
L’éviction des PLV ou autre ingrédient inflammatoire peut-elle aider ?
Dans la composition du lait de vache, seules les protéines sont concernées quand on parle d’allergie. On devient allergique à des protéines, jamais à des sucres ou à des corps gras. Donc l’allergie aux protéines de lait de vache existe bien chez le bébé, mais seulement chez 2 à 3 % des bébés atopiques. Cela veut dire que la majorité des bébés souffrant d’une dermatite atopique n’auront aucune allergie vraie aux PLV. Cette allergie se détecte d’autant plus facilement que le bébé a d’autres signes comme de la diarrhée, plus rarement des otites ou de l’asthme. Il faut l’adresser à un allergologue ou un pédiatre allergologue qui fera les tests nécessaires pour déterminer si la dermatite atopique est liée à une allergie au lait de vache.
Est-ce que le soleil fait du bien à une peau atopique ?
La relation entre l’eczéma et l’exposition au soleil est complexe. Le soleil a, en général, tendance à améliorer un eczéma. En effet, la peau donne l’impression d’être moins sèche, moins rugueuse et moins rouge. De plus, l’influence de l’exposition au soleil sur le moral peut influencer de manière bénéfique l’évolution de son eczéma.
Mais attention, tout n’est pas aussi simple : dans certains cas, la période estivale peut aussi aggraver l’eczéma. Une exposition prolongée et excessive, l’usage de produits solaires non adaptés à son type de peau, et la transpiration sont autant de facteurs qui peuvent entrainer des poussées graves. La protection solaire doit donc être optimale : porter des vêtements larges et en coton, la recherche de l’ombre naturelle et l’usage régulier de produits solaires à indice protecteur maximal sont des réflexes à intégrer durant l’été. Et, en fin de journée, ne pas oublier de prendre des douches courtes et fraiches et l’application quotidienne d’un émollient adapté à la saison.
Quelle routine adopter au fil des saisons ?
Toutes les saisons ont leur particularité.
- Le printemps : il s’agit de la saison des pollens ! Le contact avec ces allergènes peut aggraver l’eczéma. Il faut donc éviter de trop multiplier les activités en plein air pour les personnes souffrant d’atopie.
- L’été (cf. au-dessus) : attention aux coups de soleil et aux coups de chaleurs ! Bien protéger sa peau, limiter les sorties où le soleil est le plus fort, préférer les activités qui ne font pas trop transpirer et bien évidemment, appliquer autant que possible un soin émollient.
- L’automne : il s’agit de la saison idéale, les températures sont douces et les allergies sont moins présentes.
- L’hiver : la peau devient plus sèche à cause des intempéries, du froid et du vent. Les couches de vêtements favorisent les irritations, et le chauffage à l’intérieur des maisons rend l’air plus sec. Quelques astuces : limiter les bains chauds et prolongés pour se réchauffer, humidifier l’air ambiant de la maison, porter des couches respirantes en coton. ET bien évidemment : des soins d’hygiènes et crèmes émollientes adaptés.
Comment l’eczéma évolue dans le temps ?
Dans la grande majorité des cas, l’eczéma atopique apparait au cours de la première année de vie, et disparait dans 50% des cas vers l’âge de 5-6 ans. Pour autant, parler d’une véritable « guérison » est sans doute inapproprié car la peau ne change pas de composition et garde en particulier ses défauts d’étanchéité : la peau reste sèche et/ou sensible.
De même, l’atopie désigne une prédisposition à développer certaines maladies. En grandissant, l’enfant n’a plus d’eczéma mais peut tout à fait souffrir d’asthme, de rhinite ou de conjonctivite. C’est la marche atopique difficile à prévoir car chaque individu ne présentera pas forcément toutes les manifestations de l’atopie.
L’eczéma peut réapparaitre à l’âge adulte, après des années voire des dizaines d’années de rémission.
Pour d’autres formes d’eczéma comme l’eczéma de contact, l’éviction nette et définitive de la substance allergisante entraine un arrêt des poussées. Mais si un nouveau contact se produit avec la substance, les plaques d’eczéma réapparaissent. Là encore, parler de « guérison » n’est donc pas très adapté.
Voilà chers parents, nous espérons avoir répondu à vos questions posées régulièrement lors de nos Rencontres #Hatoppyday avec Ducray ou via nos formulaires d’inscription. Nous vous donnons RDV à l’automne à Lille et Nantes pour vous conseiller et vous faire vivre une expérience ludique et instructive hors du stress de l’atopie…et loin du confinement, on l’espère !!