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Parce que ce n’est pas toujours QUE du bonheur

Par Isabelle Duvert
Parce que ce n’est pas toujours QUE du bonheur

Il y a un passage dans le spectacle de Florence Foresti que j’adore particulièrement. C’est quand elle dit : « C’est Johnny qui a le blues, toi, tu fais une dépression post-partum, t’as envie de te pendre dans la douche ! ». C’est tellement vrai. Et je sais de quoi je parle.

La déprime, elle prend plusieurs formes, elle débarque à différents moments en fonction des mamans, là où parfois on ne l’attend plus ! J’ai eu deux enfants. J’ai eu deux différentes déprimes/dépressions post-partum.

Le baby blues, le grand classique.

Il est tout simplement quasiment impossible d’y échapper, même en vous planquant bien. D’ailleurs tous les livres bien intentionnés vous le diront : 3 à 4 jours après l’accouchement, le baby blues débarquera, sournoisement dans votre chambre d’hôpital, pour vous choper là où, pourtant vous ne pensiez pas être. Puisqu’évidemment que vous êtes heureuses (bah si). Alors pourquoi pleurez-vous au moindre effleurement physique (montée de lait douloureuse, cicatrices en tout genre…) et moral (votre chéri est un peu en retard pour sa visite quotidienne, bébé ne prend soit disant pas assez de poids et la puéricultrice vous tyrannise…) ?

Vous pleurez aussi dès qu’on vous demande gentiment si vous allez bien.

C’est NORMAL

Si.

De mon côté, j’ai tenu bon, à la fin de ma semaine (oui je suis restée longtemps, césarienne oblige) les sages-femmes m’ont même félicité devant mon Homme : « Votre femme est formidable, une battante, elle n’a même pas pleuré ! ».

AH AH AH

Bah si poulette, mais pas devant toi en fait. Mais bon sang ce que j’ai chialé. Je me demandais juste ce que j’avais fait. Un bébé. Mais pourquoi, quelle idée ! Elle va me retourner ma vie bien rangée cette petite crevette-là. Oui.

Et puis ça passe, aussi vite que c’est arrivé. C’est hormonal tout cela, une belle chute, ajoutée à la fatigue, au bouleversement que représente une naissance. En y réfléchissant bien, évidemment que c’est naturel. Aucune culpabilité à avoir, même si vous êtes amenées à avoir des pensées un peu bizarres, comme moi, donc qui me demandait ce que ce bébé faisait là !

Le retour à la maison m’a fait du bien, j’ai pleuré une dernière fois, de joie, en découvrant la chambre de ma puce, finie par mon Homme pendant mon hospitalisation, et cette boîte de chocolat. Et ce beau bijou.

Ma famille était au complet. J’étais crevée, à fleur de peau, mais heureuse.

Bon, elle n’était pas complètement au complet, ma p’tite famille, car on a remis ça deux ans et demi après.

Le p’tit est né en juillet. Par voix basse. Ma césarienne était inévitable et je l’avais parfaitement bien compris, il en allait de la vie de ma fille, et de la mienne. Mais, je n’ai pas pu m’empêcher d’hurler de joie en découvrant que cette fois-ci, j’aurai un peu … de boulot pour sortir mon bébé !

Cette fois-ci, rodée, je fais tout pour quitter la maternité le plus vite possible. Ma grande me manque trop, je veux rentrer chez moi. Je ne pleure presque pas cette fois. Montée de lait toussa. Je suis une pro. Balayé le baby-blues, ah ah ah !

L’été passe, aidée par des vacances chez mes parents, je me revois dire : « Ah ça va nikel, aucun blues, le pied total, fatiguée oui, mais franchement tout va bien ! »

La dépression

L’automne arrive. Rentrée scolaire pour choupette, elle n’y va que le matin. Je gère donc les deux, dès 11h30. Les vacances de la Toussaint commencent. Tout s’effondre. Déjà épuisée depuis quelques semaines, l’allaitement du petit devient difficile, en quelques jours, mon humeur devient des plus sombres. Je me mets à pleurer chaque soir, puis très vite dans la journée pour un rien. J’ai des idées noires : « Pourquoi j’ai fait un deuxième !? J’ai tout gâché ! Je n’y arrive pas. Je ne m’en sors pas. »

L’horreur.

Très vite, ma chance :  je me suis écoutée. J’ai compris que là, il ne s’agissait pas QUE de fatigue. Je tombais dans la dépression.

4 mois après la naissance de mon 2e enfant.

J’ai couru chez mon généraliste.

Je refuse ses médicaments et lui demande plutôt une bonne adresse, un bon psy. Idem, il me propose les pilules magiques. Je refuse net. Je lui demande de me laisser ma chance, juste en venant toutes les semaines. Je lui promets de l’appeler immédiatement si mes idées noires s’aggravent.

La suite, elle est des plus heureuses, en quelques semaines à peine, je vais déjà mieux. Mon homme a embauché une nounou à mi-temps pour me soulager avant la reprise de mon travail. Ce temps pour moi, ces rééquilibrages personnels avec le psy, l’ouverture de mon blog, mon espace à moi. Les rencontres avec d’autres mamans, isolées également, incomprises, me remontent finalement le moral.

Je ne suis pas seule

Car voilà, nulle part on ne me disait que j’étais normale ! Nulle part je ne lisais des témoignages de mamans dans le même cas que moi !

Partout au contraire, du rose, du bleu, du « vous aimerez votre bébé dès qu’on vous le posera sur le ventre…«

Donc mesdames, jeunes mamans, non, ce n’est pas facile, surtout les 6 premiers mois environ. Je sais que pour d’autres cas extrêmes certes, mais réels, cela peut même conduire à une hospitalisation dans des services mères/enfants spécialisés.

Écoutez-vous, sachez repérer les signes d’une vraie déprime et prenez-soin de vous, vite, des solutions toutes simples ou plus médicalisées si nécessaire existent !

Et puis, vous n’êtes pas seules. Loin de là. Ne l’oubliez pas. Oui il y a toujours pire que nous, oui évidemment, mais cela n’empêche pas de pouvoir nous plaindre, d’être mal. On a le droit.

Oser en parler, oser demander de l’aide, oser déléguer, c’est déjà une très belle victoire !

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La photo de couverture est un extrait du délicieux « Le Petit Grumeau Illustré » ou les Chroniques d’une apprentie maman de l’illustratrice Nathalie Jomard aux Editions Michel Lafon. Idéal pour les gros coups de mou, il vous redonne une patate d’enfer. À noter que Nathalie a prêté son talent à la marque bio Sanoflore dans le cadre de la refonte de sa gamme bébé et maman, en donnant la possibilité à des internautes de pouvoir créer en ligne des petits livres et de les partager avec son entourage. Cliquez sur l’image pour accéder au site

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6 Commentaires
  1. Je suis tellement contente de lire des articles sur le sujet dépression post partum.
    On en parle tellement comme si c’était quelques choses qui peut effectivement arriver mais pas toujours et c’est peut être pas long, et c’est TELLEMENT génial d’être maman, que l’on passe au dessus.
    J’ai accouché en avril 2011, et rien n’a été comme dans les films. Non, l’amour pour ma fille n’a pas été automatique, le premier truc que j’ai dit c’est « Putain ça fait mal! », puis « Ohhh lala mais c’est quoi ces cheveux et ces yeux bleux! ».

    Bref, ce qui m’a le plus étonnée en fait, c’est le fait qu’en 2011 ce soit encore Tabou de dire que l’accouchement n’a pas forcement été génial et que oui je fait une dépression.
    On DOIT tellement nager dans le bonheur après un accouchement que selon les gens autour de nous c’est antinomique le fait d’être contente d’avoir son bébé et la dépression.

    Bref, non nous ne sommes jamais les seules!
    Et oui parlez en autour de vous, ça ne peut que vous faire du bien et surtout c’est étrange comme certaine mamans ose en parler après vous 😉

    Merci pour cet article

    Bettina
  2. C’est devenu une vraie mission pour moi : déculpabiliser les jeunes (et futures) mamans, les faire parler, oser dire !

    Isabelle
  3. Je suis tout à fait d’accord, c’est une « mission ».
    J’ai souvent discuter avec des nouvelles (et futures) mamans à ce sujet, en leur disant clairement qu’il était carrément normal de ressentir tout ça, et sous différente forme selon les différentes histoires/femmes.

    J’aimerais réellement faire ça auprès d’associations, clinique ou hopitaux. Je ne sais pas.
    Mais c’est très important d’en parler, même si ce passage n’est pas dans sa forme la plus sévère, il faut en parler.

    Je suis d’accord avec toi il faut « oser dire », cependant cela me « perturbe » qu’en 2012 ce soit encore un tabou!

    Je ne peux que soutenir ce genre d’article et d’initiatives.

    La bise

    Bettina
  4. Exactement, parler, faire parler ! Vous êtes et nous ne sommes pas seules!
    Prendre le temps d’écouter, de s’écouter et de discuter.

    entre parents
  5. C’est tellement vrai ..

    J’en pleure de rage de devoir l’admettre, mais 6 mois après mon accouchement, la dépression est encore là (pour le deuxième accouchement qui s’est très mal passé.)

    Merci pour la lecture de cet article !

    LoLo
  6. Merci beaucoup.
    C’est dernier jour, je ne suis pas dans une forme olympique. Ma fille, Camille à 4 mois et se porte comme un charme. Le papa va bien aussi…mais moi, j’ai envie de pleurer. Je m’enfermé dans le silence alors que je suis très locasse et souriante. Je sais que cela peut être dure émotionellement et physiquement. Je n’ai pas envie d’aller au boulot ni de rentrer à la maison. J’aime ce que tu écris, cela me donne un peu de courage. Depuis ma reprise, il y a un mois, je suis heureuse de retrouver mes collègues. Mais le retour des fêtes, c’ est un peu dur. Merci de me faire lire que je ne suis pas seule dans ce cas là.

    Marianne
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