Dans l’idéal vous auriez adoré pouvoir porter et lover votre bébé contre vous toute la journée. Oui, mais vous avez une vie aussi et vous avez besoin de vos mains (n’en serait-ce que pour faire ses biberons !). Une solution intermédiaire serait de porter votre bébé en écharpe ou porte-bébé. Oui mais comment faire son choix ? Nous avons profité de la table ronde organisée le mercredi 30 Septembre, par Babybjörn et des intervenants professionnels pour faire le point sur la question.
Préambule déculpabilisant
Avant de commencer cet article, il faut avant tout déculpabiliser toutes les mamans. Comme pour le co-dodo ou l’allaitement ou toutes autres pratiques, le portage est une affaire personnelle et un choix familial. Vous ne serez pas une meilleure ou moins bonne maman selon le mode de portage choisi. Le portage est une décision qui doit être prise en toute conscience, et sans pression de l’entourage. Vous pouvez y réfléchir déjà avant l’accouchement, même si au final, c’est votre instinct qui parlera pour vous lorsque vous aurez votre enfant dans les bras. Pour ma part, je n’ai pas porté mon bébé, j’ai préféré la poussette (pour diverses raisons que je vous expliquerai plus tard) et pour autant je vais écrire un article pro-portage, car je comprends aussi les mamans qui préfèrent cette méthode. Je n’ai eu aucun problème dans le lien mère-enfant, ma fille ne présente aucune carence affective, et nous formons un duo en parfaite forme ! Il existe aussi des mamans, qui, au début refusaient le portage, puis lorsqu’elles ont commencé à prendre confiance, et à s’habituer à leurs nouvelles vies, ont décidé après plusieurs mois de se lancer. Vous l’aurez compris il n’y a rien d’établi, le portage doit être un plaisir pour vous et votre enfant, et c’est tout ce qui compte !
Les 5 grands avantages du portage
A entendre tous les intervenants de l’assemblée, ils sont très nombreux ! Citons les plus usuels qui achèveront peut-être de vous convaincre :
- C’est ultra léger par rapport à une poussette. Tandis que la poussette pousse au minimum 10 kg, le portage ne pèse que quelques grammes. C’est pratique niveau rangement, il n’y a rien qui traîne dans votre hall d’entrée, ni envahit le coffre de votre voiture. Cela dit, ça n’exclut pas que vous ayez tout de même une poussette de côté pour les longs trajets.
- C’est la solution parfaitement nomade. Lorsque l’on vit en ville, entre les transports, les trottoirs étroits, les escaliers et les incivilités des passants, se balader en poussette peut vite tourner au cauchemar. Le portage permet non seulement de circuler plus librement et facilement, mais surtout de protéger votre enfant de tout cet entourage hostile. Blotti contre vous, vous lui créez une bulle protectrice qui l’éloigne un peu plus du bruit, des nuisances visuelles et même des microbes.
- Ça coûte beaucoup moins cher. En entrée de gamme, les porte-bébés coûtent environ 30 €. Sur ce point, généralement, les jeunes parents fonctionnent en deux temps : ils achètent d’abord une solution de portage, puis ils voient comment ça se passe. Si tout se déroule bien, sans trop de contrainte, alors c’est parfait. Si au bout de quelques mois, finalement cette solution est trop « pesante » au quotidien, ils basculent sur une poussette (qui sera alors pas forcément équipée d’une nacelle puisque le bébé est un peu plus grand, ce qui est aussi une économie). Toutefois l’achat d’une coque se révèle indispensable pour accompagner les déplacements en voiture, et ce, dès la sortie de maternité.
- Ça réconforte l’enfant, mais aussi, le parent. La maman (ou le papa) se sent en parfaite osmose avec son bébé blotti contre sa poitrine. Le bébé retrouve ses battements de cœur qui le berçaient il y a encore peu, un univers apaisant. C’est la raison pour laquelle de nombreux bébés s’endorment très facilement en portage, ils sont dans un environnement serein, et rassurant. Les parents sont aussi plus réactifs aux gestes et mimiques du bébé, pour réagir plus vite face aux demandes, ce qui fait un bébé moins agité. C’est par ailleurs l’une des recommandations les plus fréquentes pour les mamans allaitantes qui ont des petits soucis de lactation au début. En étant présente à la demande, et en observant les premiers signes de faim de votre bébé, vous augmenterez les tétées et stimulerez la lactation. Sans compter le phénomène hormonal provoqué par l’odeur des petits cheveux tout doux et la caresse de sa main qui pourraient tranquilliser aussi la jeune maman. Certaines arguent qu’elles se sentent en parfaite symbiose avec leur bébé porté, comme si elles ne formaient qu’un, comme au temps de la grossesse.
- Un bon allié remise en forme ! Ah bah voilà un argument de choc pour vous jeunes mamans. Alors petite explication : le fait de porter votre bébé vous oblige à un certain maintien du dos, ce qui permet de redresser votre colonne vertébrale qui aurait pu être encore un peu fragilisée par la péridurale ou un alitement prolongé. Le fait de soutenir votre dos vous permet aussi de dégager les épaules et d’éviter un maintien voûté. De plus, tous vos gestes sont contrôlés donc vous sollicitez davantage toute la sangle abdominale et vos jambes. Par exemple : lorsque vous vous baissez avec un bébé porté, vous êtes obligée de vous tenir droite et de vous accroupir, vous ne pouvez pas vous baissez vers l’avant au risque de faire tomber votre enfant. Ce genre de gestes répétitifs vous aident dans une remise en forme douce et sans douleur.
Echarpe ou porte-bébé, lequel choisir ?
Ahhhh le gros dilemme ! Sabine Paysant, une sage-femme hospitalière est très claire à ce sujet :
On ne doit pas imposer ce choix, il faut écouter l’orientation des parents avant tout.
Et le Dr. Manon Bachy, chef de clinique de chirurgie orthopédique à Trousseau de renchérir :
Chaque système possèdent ses avantages et inconvénients, l’important c’est la confiance des parents. Et d’observer les règles de sécurité de base à savoir que les voies respiratoires soient dégagées et visibles.
Elle nous donne alors une petite anecdote récente pour argumenter son propos : le parent ne doit pas être forcé par l’autre s’il est mal à l’aise. Pour preuve ce papa venu cet été aux urgences, qui s’était emmêlé avec l’écharpe de portage. Dans la précipitation il a tiré trop fort sur la jambe de son bébé resté bloquée et il a cassé le fémur ! Vous imaginez sa culpabilité ? Finalement après une intervention chirurgicale et quelques mois de convalescence, le bébé allait très bien. Et le père est revenu en consultations de contrôle avec un… porte-bébé. Plus pratique et serein pour lui. Cette mésaventure n’est pas pour mettre en avant une solution de portage plutôt qu’une autre mais bien vous faire comprendre que l’essentiel reste votre approche et l’aisance que vous avez. Tous les professionnels présents dans l’assistance mettent en avant les formations au portage qui sont de plus en plus nombreuses en France.
Fleur-Anne Serre, la fondatrice de l’ « Ateliers des petits pieds portés » :
Pour les solutions de portage en écharpe, il vaut mieux que les mamans se fassent conseiller car il existe plusieurs formes et modèles d’écharpe, et surtout autant de façons de nouage, qui correspondraient plus à leurs attentes. Par exemple si vous avez subi une césarienne, au lieu de renoncer au portage, il faut savoir qu’il existe des nouages sans ceinture autour du ventre, notamment avec le sling, qui permet de ne pas faire de pression sur la cicatrice.
Au vue de l’engouement autour des pratiques de portage, il existe même une formation académique où étudient ces conseillères. Durant leur cursus, elles apprennent aussi beaucoup le développement de l’enfant et son anatomie. Demandez alors à votre conseillère proche de chez vous la formation qu’elle a eue, c’est déjà un premier critère pour choisir votre cours. Et suivez idéalement le cours avec le papa.
Comment porter son bébé ?
Les débats lors du colloque ont été bon train lorsqu’il a fallu donner des conseils sur la façon de porter son bébé. Voici ce que j’ai retenu :
- Le portage face à soi : c’est la solution qu’il faut adopter pour un tout jeune nourrisson. Avant ses 4-5 mois, il est important de le laisser dans sa posture physiologique, c’est-à-dire enroulé (comme dans le ventre de la maman). Ne cherchez surtout pas à lui écarter les jambes sur les côtés au risque de lui abîmer les hanches (dysphasies ou luxations). Même en porte-bébé classique, il est possible de respecter cette injonction comme le rappelle David Karpathakis-Thalen, ingénieur-concepteur chez BabyBjörn : » vous blottissez votre bébé, jambes pliées contre vous les premiers mois, il est retenu avec maintien sur plusieurs points d’appui du bas du dos à la nuque, sans aucun risque. » Puis Fleur Anne Serre conseille de bien observer son bébé pour se rendre compte de son développement et pour adapter le portage sans aller contre sa nature : « vous vous rendrez compte au fur et à mesure que votre bébé gagnera en tonicité, notamment dans le maintien de sa tête, et le redressement de son dos, alors vous adapterez le portage. Pour que ce développement soit optimal, il est important de le laisser libre de ses mouvements. C’est pourquoi il n’est pas conseillé de porter le bébé plus de deux heures d’affilé dans la journée. Laissez le libre de jouer sur un tapis qu’il découvre le monde et les possibilités de son corps, tout seul. » Lorsque vous sentirez, généralement vers 6 mois, que votre bébé est plus à l’aise dans ses mouvements, alors vous pourrez le faire basculer vers l’arrière. D’autant plus qu’avec le poids de votre enfant, il deviendra de plus en plus difficile de le porter vers l’avant pour vous!
- Le portage « tourné vers le monde » : généralement les jeunes mamans préfèrent, les premiers mois, garder leur bébé tête contre elle, puis vers 4 mois elles le tournent vers le monde. Mais finalement on se rend compte que chacune va de son argument. Ainsi, Julia Lemetais, masseuse spécialisée bébé et organisatrice d’ateliers portage estime que : « selon ma propre expérience, je trouve que le portage face au monde est un peu violent pour le bébé. Il peut se sentir agressé visuellement et physiquement. Il a besoin de choisir ses interlocuteurs avec qui il a envie d’interagir et rester dans sa bulle s’il a envie. » Une maman de l’assistance, elle, voit les choses différemment : « je trouve ça très bien de solliciter mon enfant dès le plus jeune âge, qu’il participe à la vie autour de lui comme moi je la vois. Lorsque je portais mon enfant, j’estimais que nous faisions qu’un justement et dès lors il pouvait profiter autant que moi de l’environnement extérieur. » La seule contrainte encore une fois est de bien s’assurer que votre enfant respire convenablement. Il y a encore des accidents mortels où les nourrissons s’endorment en apnée, blotti entre les seins de la maman. Et ils ne se réveillent pas, car ils ont les voies respiratoires bouchées. Soyez attentive à ça, sinon le reste n’est qu’une question d’appréciation.
Nos expériences du portage
Pourtant j’avais tout préparé, le porte-bébé dernière génération et une copine prête à me prêter sa superbe écharpe. J’étais très motivée, mais finalement je n’ai jamais eu l’occasion de le faire. D’abord, j’ai eu beaucoup de mal à marcher normalement après ma césarienne, je supportais mal mon poids, alors celui de mon bébé aurait été trop contraignant. En plus je ne me faisais pas assez confiance. Je trouvais que l’habitacle de la poussette était plus sécurisant pour ma fille, en cas de chute. Déjà qu’enceinte j’avais du mal à descendre les escaliers, de peur de tomber, alors je n’imaginais même pas avec petite crevette dans les bras. Enfin, à la maison je portais beaucoup mon enfant. Je me revois faire le ménage, la cuisine et même répondre à mes mails d’une seule main tandis que je portais ma fille de l’autre. Du coup lorsque nous étions de sortie, j’étais bien contente d’avoir la poussette pour souffler un peu. En revanche, le papa a beaucoup utilisé le porte-bébé notamment pour aller faire les courses. De son propre aveu j’ai appris que c’était même un accessoire de séduction car il se faisait accoster par des mamans qui trouvaient ça « trop mignon un papa avec son bébé », et hop elles en profitaient pour « dragouiller » au passage.
Du côté de Christel, la fondatrice de MTBP, elle a fait le choix pour son 2ème enfant de suivre très tôt les cours de portage de JPMBB, qui se sont révélés indispensables pour se sentir en confiance. Tout un coup, tout devenait plus simple, plus léger, moins douloureux…mais bébé grandissant, elle est ensuite repassée aux alentours du 8ème mois à un porte-bébé.
Pour compléter cet article, nous vous invitons à lire ceux parus sur le cours de portage JPMBB ainsi que notre top 5 des solutions de portage !
Alors et vous, chères MTBP, dites nous tout ! Avez-vous ou envisagez-vous le portage ? Avez-vous déjà fait un choix sur le mode de portage ?
Un colloque organisé par Babybjörn ?? Bah, encore un truc de marque. Pas de confiance spontanée… Et pas un mot sur l’intérêt ou non du portage physiologique. Dommage.
Bonjour,
Plutôt qu’une table ronde Babybjorn, pourquoi ne pas avoir contacté des associations comme l’Association Française de Portage des Bébés ? Elles ont l’avantage, contrairement aux Babybjorn et autre JMMPB d’avoir un regard et un avis neutre et professionnel sur le sujet…