Autour de vous, autour de nous, parmi nos proches et nos participantes de nos événements, de nombreux couples rencontrent ou ont pu rencontrer des soucis pour concevoir un enfant. Un parcours qui peut être long, éprouvant pour la femme, pour le couple, moralement comme physiquement. De ce constat, nous avons déjà interrogé plus de 60 femmes en ligne sur leur désir d’enfant, et vous dévoilerons bientôt les retours de cette enquête qui seront autant d’apprentissages que de besoins exprimés. En attendant, une future maman a accepté de témoigner sur son parcours PMA, qui est évidemment singulier à chaque couple mais pourra sans aucun doute rassurer et permettre à d’autres femmes d’appréhender les différentes étapes.
Les premières attentes
Quand mon chéri et moi nous lançons dans l’aventure bébé, on est tout fous, insouciants. Certes, on a compris que certains amis autour de nous ont des difficultés à avoir des enfants mais on se promet de ne pas se mettre la pression. On est assez jeune, plein de choses à découvrir à deux … on a le temps. Notre positive attitude dure 6-9 mois. Puis petit à petit la déception s’installe à chaque fois que les règles arrivent. Je commence à faire des choix en fonction d’une potentielle grossesse … qui malheureusement n’arrive pas : dois-je accepter cette promotion au boulot ou mauvais timing avec les voyages pro? Réserve-t-on ce trek pour l’année prochaine? … bref je sens que cela commence à m’atteindre et je décide de consulter. Mon gynécologue me dit de continuer d’essayer et qu’on commencera les tests si toujours rien après un an d’essai.
Oser en parler autour de soi
Entre temps un couple d’amis proches nous annonce qu’ils attendent enfin un enfant. On savait qu’ils étaient en parcours PMA mais comme trop souvent avec les problèmes de santé / intimes des amis, on devient très pudique et on n’ose pas trop en parler. Comme je regrette avec le recul de ne pas avoir été plus présente à leurs côtés ! Et comme je les remercie d’avoir accepté de partager leur expérience quand je me suis tournée vers eux avec mes questions / doutes. Sans tabou mon amie m’a raconté son parcours un après-midi m’avouant qu’elle aurait tant aimé que quelqu’un le fasse pour elle : elle m’explique les traitements, me met en garde contre la charge émotionnelle et comment me protéger pour ne pas sombrer … pour ne pas que la vue d’un bébé, l’annonce d’une grossesse chez des amis deviennent insupportables … et ce même pour une fille aussi forte, pleine de vie que mon amie !
Cette discussion a été comme un électrochoc pour moi et m’a vraiment permis de poser les bases d’un parcours PMA qui fut au final assez serein :
- Ne pas attendre / faire trainer les tests médicaux : dès la deadline des 1 ans passée, j’ai insisté auprès de mon gynécologue pour faire au plus vite toute la batterie de test pour avoir des premières réponses (cela nous a pris 2 mois) – j’en connais pour qui ces tests se sont déroulés sur plus 6 mois … une éternité pendant laquelle on va bien trop ruminer et s’affaiblir mentalement !
- Se lancer dans un autre projet personnel en couple : tellement important d’arriver à se projeter / construire quelque chose à deux qui permette de ne plus penser uniquement à ce projet bébé et de ne pas gâcher des années de notre jeunesse à nous morfondre. Pour nous, ce fut quelques beaux voyages mais surtout la réalisation de notre « deuxieme » rêve : l’achat et la rénovation avec nos petites mains d’une vieille ferme de montagne. Je ne sais pas si c’est complètement lié mais je suis tombée enceinte quelques mois après le début des travaux !
- En parler autour de soi : car la pression sociale est là et qu’on est bombardé de « c’est pour quand le bébé ? », quand ce n’est pas les « à trop être carriériste, tu vas dépasser la date limite », qui font de plus en plus mal. Et je vous assure qu’une fois qu’on leur a dit que ce n’est pas si facile, les indiscrets ne reviennent plus à la charge … et puis aussi parce qu’on a besoin du soutien de ces amis / famille pour nous rebooster dans les coups de mou, car il y en a beaucoup …
- Mais savoir ce qui nous convient à nous, rien qu’à nous : le retour de la médaille d’en parler autour de soi c’est que tout le monde y va de son avis : « t’es trop stressée », « tu bosses trop, tu devrais prendre un congé sabbatique »… bien sur toujours tournée uniquement vers Madame parce que c’est bien connu que c’est toujours là que le problème réside ! Et Monsieur, il ne stresse pas, lui ?? … De mon coté, j’ai toujours été convaincue que mon travail, bien que très demandeur, n’était pas un problème mais plutôt source d’épanouissement personnel donc pas question de lever le pied quels que soient les commentaires plus ou moins bienveillants que je recevais.
- Bien choisir son gynécologue / centre PMA et oser pousser ses choix : j’avoue avoir eu une chance énorme d’être entre les mains de mon gynécologue – choisi un peu au hasard après mon déménagement, mon docteur s’est avéré être spécialisé dans les problèmes d’infertilité donc j’ai pu faire une grande partie du parcours avec lui, dans un environnement très humain, et surtout, avec un optimisme, un entrain, une décontraction qui furent communicatives. Un vrai roc à mes cotés ! Tout l’opposé de mon expérience en centre PMA que je vous détaille après …
La PMA, étape par étape
Armés de ces bons conseils, on s’est donc lancé dans le long parcours de la PMA après que nos tests médicaux ne décèlent aucun problème physiologique chez monsieur ou madame. On a commencé avec 6 mois de stimulation ovarienne via prise de médicaments – je réagissais super bien avec plein de follicules tous les mois – mais cela n’a rien donné. Au programme des réjouissances : utérus bien gonflé, et deux jours assez fous à chaque cycle : un où je pleurais pour un rien et l’autre où j’étais totalement euphorique … surprenant la première fois mais après on s’adapte / on en rigole.
On accélère ensuite avec des inséminations couplées à la stimulation – cela devient plus contraignant avec de nombreuses visites chez le docteur à jours fixes … dur de le cacher au travail – toutes les excuses y sont passées pour justifier mes absences répétées … Par miracle, jusqu’ici ce parcours n’a pas du tout impacté notre couple, au contraire, j’apprécie tellement son soutien, son écoute … C’est sur que faire l’amour sur commande ou les dons de sperme, c’est pas très glamour mais on essaie d’en rire autant que possible!
Quand le corps réagit
Mais je sens que mon corps lutte avec tous ces traitements. Cela commence avec une infection urinaire carabinée … puis quelques mois après des calculs rénaux – aux urgences, le radiologiste reste bouche bée devant l’échographie: 3 semaines après l’insémination, mes ovaires font encore 10cm de diamètre !! Je commence à me faire du souci pour ma santé. Comment évacuer toutes ces toxines ? On me conseille des massages, un changement d’alimentation mais j’ai du mal à passer encore entre d’autres mains, fussent-elles celles d’un masseur ou nutritionniste. Je trouverai finalement ma solution dans le trail : me défouler en gravissant des montagnes, me vider la tête face à des paysages magnifiques et éliminer les toxines sans y penser !
Malgré tout, après 1 an ½ de traitement, mes forces s’amenuisent …. On en discute beaucoup avec mon chéri. On décide de passer à la FIV, notre dernière carte, et de nous renseigner sur l’adoption en parallèle car nous ne voulons pas pousser plus loin l’acharnement pour avoir un bébé « biologique».
La FIV, l’ultime étape
J’en parle donc avec mon gynécologue – il acquiesce et nous met en contact avec ce qu’on appellera « l’usine à bébé », le centre PMA de notre région, car il ne peut pas faire les FIV dans son cabinet. Et là tout change : on devient des patients lambda – fini les mots d’encouragements, les sourires familiers – les médecins et infirmières s’enchaînent et ne se souviennent pas de nous d’un rendez-vous sur l’autre. Certes ils sont d’une efficacité redoutable mais j’ai perdu ce cadre humain qui m’était si cher … dur dur ! On se laisse porter par le flot des examens / opérations.
Apres la 1ère FIV, c’est la grosse douche froide : au téléphone, on m’annonce froidement qu’aucun des 2 embryons ne s’est implanté … J’y avais tellement cru à cette dernière carte que je me mets vraiment à douter pour la première fois de l’issue heureuse de cette bataille et ma carapace que j’avais si bien réussi à protéger jusqu’à là commence à se fissurer – ce fut pour moi le moment le plus dur de tout ce parcours … Et là encore c’est mon homme qui a séché mes larmes et m’a redonné la force pour enchaîner sur une 2ème tentative !
Mais cette fois-ci je décide d’oser reprendre la main vis-à-vis des médecins du centre PMA et de les forcer à m’exposer clairement toutes les options. A force de questions je découvre qu’on peut choisir le stade de développement des embryons avant insémination (de base on insémine en Suisse des embryons à 2 jours de vie vs 5-6 jours en France donc avec des chances de survie moindre) et ils acceptent de laisser maturer les embryons jusqu’à 6 jours et donc de faire une FIV que s’ils sont viables – pourquoi ne pas m’en avoir parlé avant alors que cela permet d’éviter ces 10 jours d’attente interminables si dès le départ il n’y avait aucune chance? Mon bien-être ne semble pas être une priorité mais passons …
10 jours après, alors que j’étais persuadée que mes règles arrivaient … on m’annonce tout aussi froidement que le test sanguin est positif. Je suis au bureau, je fonds en larme … Apres 3 ans de bataille, c’est la première fois qu’on a un test positif !!!!!!! On ne pouvait rêver plus beau cadeau le jour de nos 5 ans de mariage.
Apres quelques jours euphoriques, je suis rattrapée par le stress de la fausse-couche qui ne cessera vraiment qu’avec nos pleurs de joie lors de l‘échographie des 3 mois. Entendre ce petit cœur, voir ce petit être bouger en moi … ça valait bien toutes ces épreuves qui sont instantanément oubliées !
Dans quelques jours, notre bébé sera là avec nous … 3 ans et 9 mois que nous attendons cette rencontre !! La grossesse s’est passée à merveille – je me suis rarement sentie aussi épanouie et aussi sure de mes choix et priorités dans la vie !
Merci à notre future maman pour ce témoignage touchant et plein d’espoir. Nous lui souhaitons la plus belle des rencontres avec son bébé, et à vous lectrices, nous vous donnons rdv prochainement pour d’autres parutions. N’hésitez pas à remplir notre questionnaire sur le désir d’enfant ou à poser anonymement vos questions en commentaires. On vous embrasse bien fort et vous souhaite bon courage.
Crédit photo : Laura Boil Photography
Mille millions de mercis pour ce témoignage qui permet aussi de comprendre à celles et ceux de l’entourage qui ont l’immense chance ( et bien souvent la gêne ) d’une grossesse qui arrive vite. Vous êtes des gens tellement courageux ….. bravo ! On vous souhaite tout le bonheur du monde