Votre congé de maternité qui prend fin, vous allez devoir vous atteler à trouver la perle rare qui saura vous mettre assez confiance. Une décision dure à prendre car n’est pas Mary Poppins qui veut ! Voici, tout ce que vous devez savoir sur la question, aidée par Laure Leter, auteure de « Modes de garde, mode d’emploi » (Albin Michel)
Pourquoi choisir une nounou ?
Définissons avant tout ce que j’entends par « nounou ». Plusieurs cas de figures s’offrent à vous :
- L’assistante maternelle à domicile : elle est assermentée par l’Etat et elle garde dans sa propre maison de 2 à 4 enfants, à des âges variables.
- L’auxiliaire parentale à domicile : elle garde votre ou vos enfants dans votre propre foyer. C’est une salariée comme une autre. Vous pouvez aussi partager cette garde avec un autre couple, et alterner le lieu de garde.
- Les assistantes maternelles des crèches familiales : il s’agit de petites structures qui accueillent les enfants dans un système collectif, avec des activités en commun.
- La nounou au « black » : il serait hypocrite de ne pas en parler de ce recours (illégal) car elle est aussi une réalité. Elle n’est pas déclarée, ce qui vous expose en cas de soucis. Les parents la choisissent souvent par défaut ou pour des raisons financières.
Bien entendu, il ne s’agit pas de dire quelle option est mieux qu’une autre, car après tout, il s’agit surtout de vos attentes et de vos ressentis. Aucune étude ne met en avant telle ou telle pratique qui jouerait un rôle déterminant dans le développement de l’enfant. Je vous vois bien là me dire : « oui mais on m’a dit que la crèche c’était quand même mieux pour la socialisation », ou d’autres : « avec une nounou, au moins ma fille est prise en charge personnellement » Il y aura toujours des pour et contre, l’essentiel étant de savoir ce qui vous tranquillisera le plus. Car la clef d’un mode de garde réussi est impérativement la quiétude et la confiance des parents. Si vous n’êtes pas sereine à chaque fois que vous confiez votre enfant, la séparation va être plus difficile et votre enfant le ressentira.
Comme le rappelle Myriam Szejer, pédopsychiatre, fondatrice de l’association « La cause des bébés » et interviewée dans l’ouvrage de L. Leter :
Si par exemple une mère doit sevrer son enfant mais qu’elle n’en a pas envie, l’enfant le sentira et se fera le « porte-parole » de ces sentiments. L’adaptation se passera mal, il refusera de manger avec la personne à laquelle il sera confié… Par ces symptômes, le bébé rendra le sevrage impossible, car il aura perçu le souhait incontinent de sa mère : « je vais te sevrer mais montre-moi que tu ne veux pas, car je n’en ai pas envie non plus.
Pour ma part j’ai choisi une nounou pour le côté pratique et la dimension émotionnelle. J’avais besoin que ma fille se sente dans un environnement proche de la maison, dans un cocon familial où elle se sente entourée et choyée. J’avais aussi besoin d’une nounou aux horaires flexibles, qui accepte que je ne la dépose pas tous les jours ou en demi-journée et tolère les retards imprévus en fin de journée. Cette nounou correspondait à mon rythme de vie et je ne me suis pas imposée de contraintes sociales qui auraient pu me forcer à sociabiliser le plus tôt possible ma fille. Mais je comprends aussi que certaines mamans préfèrent la pluralité des activités et le cadre plus rigoureux d’un espace collectif. Une amie m’avait même dit qu’elle préférait que son fils soit à la crèche pour renforcer ses défenses immunitaires !
Ceci étant dit, si vous optez de façon certaine et sereine à embaucher une nounou à votre domicile ou au sien, il y a bien deux, trois choses que vous devez savoir…
Prenez-vous y à l’avance !
Non, non, non, ne faites pas la politique de l’autruche ! Cette question s’imposera à vous, beaucoup plus vite que vous ne l’imaginez. Je vous l’accorde, il est difficile d’imaginer un mode de garde pour un enfant qui n’est pas encore là concrètement. Et pourtant, c’est bien dès le deuxième terme de grossesse qu’il faut commencer les démarches. Les demandes d’inscription en crèche se font dès le 6ème mois, ainsi si vous essuyez un (voire plusieurs) refus, vous aurez le temps de vous retourner et trouver une nounou.
C’est d’ailleurs l’argumentaire de notre spécialiste Laure Leter :
Être employeur s’apprend. Plus vous resterez dans le fou concernant le fonctionnement de l’emploi à domicile, plus ça vous paraitra compliqué. Le mieux est de commencer à vous former pendant le congé maternité. Comment ? En lisant un livre consacré aux aspects techniques et financiers (ex. Le particulier employeur, mode d’emploi aux Editions Vuibert). Et/ou en lisant la convention collective des salariés du particulier employeur (sur le net). En parlant autour de vous de votre recherche. En commençant à consulter les annonces de garde partagées déposées par d’autres familles.
Et oui, pensez-y, vous allez devenir un employeur ! Et cette lourde tâche implique des devoirs et obligations aussi bien moraux qu’administratifs. Au-delà du climat de confiance que vous instaurerez tous ensemble autour de l’enfant, vous allez devoir faire face à des imprévus et des formalités. Tout ceci ne peut pas s’improviser. Et ces interrogations commencent dès les recherches.
Comment chercher une nounou ?
Si vous êtes sans solution à J-1 semaine de votre reprise de boulot, vous verrez que TOUS les moyens sont bons pour trouver la nounou. Ça va de l’annonce en boulangerie en passant par le post désespéré sur Facebook ou les petites annonces du gratuit de la boucherie. Avant d’arriver à cet extrême, vous pouvez raisonnablement vous rendre à votre centre PMI, au Service Petite Enfance ou aux RAM (relais d’assistantes maternelles) pour obtenir la liste de ces dernières.
Si vous souhaitez être aidée dans ce processus de recrutement et dans la gestion de cette employée, je vous conseille les services de l’Agence O2 qui propose des gardes d’enfants de tous les profils (bilingues, à horaires décalés, pour les handicapés…). L’avantage de passer par cette agence, est de réduire les charges administratives, de bénéficier d’un premier « filtre » grâce aux recrutements sérieux et d’une grande souplesse (horaires, remplacement maladie ou autre).
Si vous souhaitez tout faire par vous-même, alors voici nos conseils…
A la recherche de la nouvelle… nounou
Pire que chez The Voice, vous allez être un jury impitoyable devant les nounous qui se présenteront à vous. Et pourtant, selon Laure Leter :
Les parents n’ont pas souvent le choix dans la réalité. Il y a tellement de demandes face à peu d’offres, que finalement ce sont les assistantes maternelles qui choisissent les parents ! Et il arrive qu’elles abusent de ce statut en imposant des conditions particulières qui ne sont pas des obligations juridiques.
C’est pourquoi il faut bien se renseigner sur vos droits avant de commencer les entretiens d’embauche.
Au premier rendez-vous, notre spécialiste suggère de venir avec
Une liste de questions écrites. C’est aussi important que les parents se professionnalisent. Ils ne doivent pas perdre à l’esprit que tout ce qui n’aura pas été mentionné lors de l’entretien pourra être source de tension plus tard.
Les questions à poser
Pas toujours évident de se transformer en DRH en un claquement de doigts. Je vous conseille d’être accompagnée du papa (séparé ou pas, car il a aussi sa part de responsabilité dans ce choix).
Il y a d’abord le volet FORMEL/ADMINISTRATIF
- Les diplômes ou formations éventuels (sachant qu’une assistante maternelle assermentée effectue 120h de formation à la base)
- Depuis combien de temps elle exerce ?
- Pourquoi elle a voulu faire ce métier ?
- Le taux horaire ou forfait journalier ?
- Les horaires de garde (avec mention de flexibilité ou pas. Selon la loi si votre retard dépasse 5 minutes, elle peut facturer l’heure…)
- Les particularités si l’enfant tombe malade (selon la loi vous n’avez pas à la payer si votre enfant est malade moins de 10 jours… Vous devrez lui fournir un certificat médical)
- Les rémunérations lors des jours fériés (tout est potentiellement négociable, mais il faudra bien le stipuler dans le contrat)
Puis, il y a le volet PRATIQUE
Le plus simple est de faire ensemble le déroulé d’une journée type qui commence de la prise en charge le matin :
- Où se passeront les changes du bébé ?
- Où dormira-t-il ?
- Qui fera à manger ? (sachant que si vous apportez à manger, ca pourra être déduit des frais de l’indemnité d’entretien qui contient aussi le gaz, l’électricité, l’achat de matériels…)
- Quel espace pour jouer ? Quand ? et avec quoi ? (si vous vous opposez à la télévision vous devez en parler, de la même façon que si vous préférez des jouets en bois, il faudra sûrement les ramener…)
- Comment se déroule les sorties ? Où ? la durée ?
Combien ça coûte ?
Pour l’assistante maternelle : le tarif horaire minimal est de 2,68 € brut mais varie selon les régions, pouvant atteindre 4 € en Ile-de-France. Il faut aussi compter l’indemnité d’entretien de 2,98 € par journée de neuf heures. Sachant que la CAF verse une aide forfaitaire qui varie selon votre quotient familial. Des mairies peuvent aussi verser une aide complémentaire. Au final, il restera à charge entre 150 et 400 € par mois, avec réductions d’impôts.
Pour la garde à domicile : le salaire horaire net moyen tourne autour de 8,28 € avec des disparités selon les régions. Sachant que ce montant varie en fonction du nombre d’enfants, d’heures de ménages supplémentaires, des horaires… Pour un plein temps il faut compter entre 700 et 1600 €, avec la déduction du crédit d’impôt. La CAF verse aussi une aide. Vous pouvez l’évaluer sur le site www.familiapaye.fr
Pour les assistantes maternelles des petites structures : du type micro-crèche. Le barème est celui de la CAF à savoir entre 8 € et 12 € de l’heure. Généralement ce mode de garde est assez onéreux, surtout que des contributions supplémentaires sont demandées aux parents.
Ma petite expérience
Devant le manque de place en crèche j’ai choisi la nounou à son domicile et j’ai adoré ! C’était pour moi très flexible et sans contrainte, et j’avais une relation très proche avec elle. Je ne manquais jamais une occasion de lui faire plaisir : une part de gâteau par ci, un petit cadeau pour les fêtes par là… Et elle me le rendait bien, en gâtant aussi ma fille. Les premiers mois je ramenais moi-même à manger, puis quand la diversification alimentaire était bien installée, je la laissais faire. Ce qui était parfait car elle lui faisait goûter des aliments que je ne mangeais pas (comme la cervelle, le foie, les blettes…). J’ai gardé une telle relation avec elle, qu’il m’arrive encore de lui rendre visite de temps en temps, malgré la scolarisation de ma fille. Et puis c’est toujours bien de garder le contact au cas où… Ah oui, en fait, ma fille n’est pas du tout sauvage et n’a jamais pleuré pour aller à l’école.
Et vous chères M2b vous allez choisir quoi ? Ou bien vous avez déjà fait votre choix ? Comment avez-vous trouvé votre super-nanny ?
A LIRE : « Modes de garde, mode d’emploi » de la journaliste Laure Leter (Albin Michel)
Crédit photo : Carole J Photographie – atelier mode de garde 02