Pas facile de parler de la prématurité à des femmes enceintes. Je me suis d’abord demandée comment moi, maman de deux bébés joufflus né à terme (ou presque, puisqu’un bébé est considéré comme prématuré lorsqu’il est né avant 8 mois de grossesse) j’aurais aimé qu’on m’en parle pendant mes alitements (un mois à chaque fois). Sans doute autrement que par un « Il ne faut surtout pas vous lever sinon, vous risquez d’accoucher et les poumons ne sont pas formés encore… ». « Oui, et ? » Fin de la conversation.
Nous nous sommes ensuite longuement demandé, avec la fondation Prem’up (fondation qui organise la Marche des Bébés et finance des projets inédits en matière de périnatalité), comment aborder le sujet sans paraître anxiogène.
A force de discussions, cela nous est apparu comme une évidence : il faut donner la parole à ceux qui aident les parents à surmonter la prématurité. Au personnel de néonatalité comme Sonia Guillaume, infirmière-puéricultrice à l’hôpital Robert Debré.
Une étude sur l’importance du savoir être chez les soignants
Depuis 2008, avec la fondation Prem’up et le soutien de Pampers, Sonia dirige une étude sur le lien parents-enfants prématurés. Cette étude cherche à démontrer que des parents bien soutenus créent plus facilement du lien avec leur enfant. Les résultats devraient à terme faire l’objet d’une publication scientifique.
Autant d’efforts qui devraient déboucher sur la prise en compte dans les services de néonatalité de l’importance des informations données aux parents et du rôle déterminant des soignants dans la construction du lien parents-enfants.
Sonia Guillaume, overbookée mais passionnée a accepté de nous livrer en deux points clés, son ressenti sur son métier et surtout sur le rôle des soignants.
De la nécessité de déculpabiliser
Sur le moment, l’arrivée d’un enfant de manière prématurée est toujours un choc. Il y a beaucoup de culpabilité chez les parents et surtout, chez la mère qui n’a pas réussi à porter son enfant à terme. Pourtant, il peut n’y avoir aucune cause à une naissance prématurée. Ce n’est la faute de personne mais les parents ont souvent besoin de l’entendre de la part du personnel soignant qui doit donner aux parents les informations qu’ils attendent pour éviter toute source d’angoisse et se concentrer sur l’essentiel : le lien avec leur enfant.
Le sentiment d’impuissance
Nous aidons également les parents à dépasser le sentiment d’impuissance qui les submerge. Nous aidons les femmes à devenir mère de ces enfants qui n’ont pas l’image de l’enfant qu’elles attendaient. Très tôt, il faut les encourager à tisser un lien physique avec leur bébé, en dépassant la barrière des appareils pour ne voir plus que leur enfant.
Les parents doivent se rendre compte que ce bébé qui devrait encore être dans leur ventre peut malgré tout interagir avec eux, réagir aux mots et à leurs intonations, connaître la voix de ses parents, reconnaître sa mère à son odeur. Nous accompagnons également les mères dans leur allaitement (qui est rarement exclusif), qu’il s’agisse de donner le sein ou de tirer son lait.
Tout ces petits riens mis bout à bout permettent aux parents de vivre des moments de partage avec leur enfants, font que les parents osent finalement s’attacher à leur tout petit bébé et cela les encourage à vivre malgré tout, une belle aventure.
La prématurité vue par les mamans
Cette importance du personnel soignant. Cette prédominance du lien parents-enfants, on la retrouve aussi, sur le Net, dans les témoignages de mamans de prématurés.
Ceux publiés sur le blog de Maman Bavarde. 19 témoignages et autant de leçons de vie.
Celui de la blogueuse Marjoliemaman, qui pendant deux ans, a joliment raconté sur son blog, sa lutte contre la prématurité et le lien mystérieux qu’elle a tissé avec sa fille, née à 34 SA+1.
Autant de témoignages poignants, sincères, gais et tristes parfois, émouvants toujours, qui font voir la prématurité autrement. Avec des sentiments plus que par des chiffres.
Illustration : couverture de l’album « Le petit frère de Lola est né en avance », destiné aux frères et sœurs de prématurés. Ce livre a été rédigé par Charlotte Bouvard, la fondatrice de Sos Préma, illustré par Alexandra Brijatoff et validé par des psychologues. Il est disponible sur le site de l’association SOS Préma.
Merci pour cet article et les nombreux liens. Je viens de boulotter un bonne partie. J’attends un événement qui sera peut être heureux (risque de fausse couche jusqu’au bout, préma, voir à terme) je débute tout juste le 2eme trimestre. grâce a vous je me prépare (comme je peux à cette probabilité. Merci pour votre super blog
Merci pour le sujet si joliment porté. La prématurité je connais . J’ai ouvert un blog à la naissance de mon fils né à 28SA pour montrer l’évolution au quotidien d’un grand préma.